la maison baigne dans un silence paisible et nocturne. Tout le monde dort… ....
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C’est l’heure propice où l’on se retrouve seul face à la toile blanche, un futur autre soi-même, miroir sans concession. On ne s’y voit pas, on est sensé y projeter ce qu’on y voit, ce qu’on voit en soi, et le retranscrire par une technique et de matériaux divers.
La seule source de lumière provient de l’Atelier, un spot anachronique par son enveloppe métallique dans un monde immobile, en suspens... Car ici, tout semble hors du temps, des livres qu’on aime entasser à perpétuité après les avoir savourés, des objets du passé un peu passés, des photos qui témoignent d’une heure à part, des toiles anciennes appuyées face au mur comme punies d’avoir été, une table basse supportant palette, tubes, médium, couteaux et pinceaux, bric à brac et outillage de base, matière brute d’une rusticité déconcertante au temps de l’art digital. Le chevalet et la toile vierge … qui attendent. Et pour donner du cœur à l’ouvrage un cd de «My Dying Bride»… Hum ! Mise en condition pleine de frissons pour un saut dans les profondeurs. ....
Extraire la peinture des tubes un peu durcis, lui redonner lumière et mouvement, travailler la pâte et trouver la couleur espérée… Peur mais aussi plaisir, mélange d’espoir, d’attente, de tension, d’exaltation fugace …. Et la joie profonde de voir l’objet tant imaginé prendre enfin forme, mélange de matériaux et d’idées, de matière et d’esprit….
On prend du recul, on s’assoit, on boit un ricoré et on fume une petite roulée (petit péché pas très mignon mais tenace), on est satisfait… pour un temps.....
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